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Treujenn Gaol

M. Becker/Kerbec et ses Belouzes

4 Janvier 2006 , Rédigé par Yvonig Publié dans #A écouter

Genre : Music-Hall Breton avec clarinette (entre autres !)
 
Il y a un an paraissait le dernier album en date de Roland BECKER, M. Kerbec et ses Belouzes. Cet album était attendu depuis longtemps par ceux qui suivent l’artiste depuis plus de 20 ans et qui avaient eu vent du projet. L’occasion était donc toute trouvée de rencontrer ce musicien discret mais ô combien talentueux et inventif.
 
Roland BECKER nous raconte donc la genèse de son album, nous parle de ses influences, revient sur le problème des intermittents, nous explique les difficultés qu’il y a à être musicien aujourd’hui, avec son franc-parler sans concessions.
 
Entretien avec Roland BECKER  
(Source : Revue Ethnotempos N°17 juin 2005)
 
Roland, ton actualité, c’est ce nouvel album, M. Kerbec et ses Belouzes, qui arrive deux ans après le Duo KOF A KOF. Peux-tu nous dire comment est né ce projet ?
 
Roland BECKER : C’est une longue histoire puisque cela fait quelques années que je fais de la musique. J’ai commencé en 1969 et en 2005 je fête mes 36 ans de musique bretonne. Donc je pense organiser quelque chose en Bretagne d’ailleurs, au moins une tournée avec ce titre-là.
 
Alors, comment est né cet album ? En fait, il y a une logique depuis longtemps, c'est-à-dire que mon idée à moi est de faire un travail sur la musique bretonne, un travail autour de l’histoire de la musique bretonne et en même temps autour d’une création personnelle. Je me sers toujours de l’Histoire avec un grand H, la vraie histoire car j’ai une autre casquette, je suis aussi pédagogue, j’ai un diplôme d’état de professeur de musique bretonne. On me demande aussi d’animer des stages.
 
Je fais un vrai travail autour de l’ethnomusicologie et l’histoire en Bretagne, de ses musiciens, sonneurs, etc. Parallèlement, j’ai l’autre casquette d’artiste et j’aime à mélanger les deux extrêmes, c'est-à-dire que d’un côté, je suis très proche de la plus précise histoire, tant sur l’origine des instruments, et sur le fait que j’aime casser les images toutes faites. Et puis il y a cette idée de création où à un moment, même si je me sers de l’histoire, j’invente à ma manière.
 
J’ai toujours aimé l’image, le visuel. Mon métier en fait avant d’être musicien, c’était peintre, sculpteur sur bois. J’ai toujours aimé dessiner, peindre, sculpter. Aujourd’hui à ma manière, je sculpte les sons, les ambiances sonores. Ce qui me plaît, c’est de faire entrer les gens dans un univers. Quand on a fait le précédent album, Kof ha Kof, il y a eu un article où on me présentait comme un metteur en scène d’images sonores. C’est un peu prétentieux de souligner à nouveau ça, mais en fait, j’aime bien. Cela convient bien à ce que je souhaitais faire dans le sens où metteur en scène, cela signifie mise en espace. C’est comme ça qu’on utilise souvent ce mot dans le théâtre. Quant à image sonore… on dit souvent un album, un album de musique, moi j’ai envie de dire album d’images dans le vrai sens du terme, d’où album d’images sonores.
 
J’ai toujours été rêveur quand j’étais à l’école. Les principales critiques de mes instituteurs, à l’école primaire, comme de mes profs, c’était que je planais, je rêvassais. Mais je crois que pour faire rêver le public, j’ai toujours besoin de rêver, de rêvasser. J’ai toujours été chercher des histoires, j’ai toujours inventé, c’est presque de la bande dessinée, du dessin animé. Là encore on retrouve l’idée de l’image.
 
Alors, d’où cela me vient, c’est une suite logique. Longtemps j’ai travaillé sur l’histoire des sonneurs du 19e siècle et à un moment j’ai eu envie de transposer cette idée des sonneurs de tradition de 1820/1830 dans la musique 20e siècle. Un siècle plus tard, on se retrouve en 1920/1930. Là, on est dans une situation nouvelle en Bretagne. La Bretagne a eu un 19e siècle très long, on peut considérer qu’il s’est terminé en 1920.
 
Après la guerre.
 
RB : Après la guerre 14/18. Tout à coup, on a une évolution nette de la musique bretonne, une révolution industrielle, économique, culturelle. Les gens rangent leurs chapeaux bretons et se mettent à porter la casquette. On range les binious et les bombardes et on commence à jouer de l’accordéon. On est dans un autre monde. Tout à coup, on se retrouve dans un monde urbain. Jusqu’alors, la culture bretonne, et pas seulement la musique, était une culture paysanne, rurale, et soudain elle devient urbaine. C’est cela que j’ai eu envie de montrer en touchant du doigt tout ce qui faisait le côté urbain de cette musique. C’est net. Ma grand-mère qui était née en 1887 me racontait que dans les années 1920-30, elle vivait dans la campagne à côté de Quimper et tous les Dimanche, elle aimait aller danser les danses en couple, les polkas et plus tard dans les années 30, le charleston, le tango alors qu’elle a toujours porté le costume du pays glazic de Quimper. Donc on imagine ces bretonnes dansant autre chose que des gavottes. Cette image-là me plaisait.
 
C’est un choc culturel.
 
RB : Complètement. C’est un peu long comme réponse ? (Rires)
 
Donc, on est en dehors de l’habillage habituel de la musique bretonne. On retrouve quand même de la bombarde mais on est plus proche de l’orchestre de music-hall.
 
RB : Oui, j’ai voulu créé un orchestre de music-hall, avec un big band, avec des cordes, des chanteuses, des chanteurs, un orgue de barbarie, du tuba, des trombones, des trompettes, une fanfare… beaucoup de monde et finalement, on arrive à 100 musiciens qui vont être des illustrateurs d’ambiances sonores. On va toucher au cirque, on va toucher au tango, à la valse musette. Toutes ces influences-là vont être en fait la source de la musique du 20e siècle et néanmoins, et c’est ce qui m’intéressait ; je garde quand même le genre, le fond qui reste la musique bretonne. Du moins, j’ai l’impression.
 
Il y a donc une centaine de musiciens. Mais ce n’est pas la première fois que tu es aussi bien entouré puisque pour un des tes albums précédents, Er Roué Stefan, il y avait déjà beaucoup de monde.
 
RB : En fait, la première fois que j’ai joué avec beaucoup de musiciens, c’était en 1996 avec le Bagad d’Auray que j’ai dirigé pendant plus de 20 ans. On a fait un disque avec 60 musiciens. J’ai toujours aimé diriger du monde et réfléchir plus à l’orchestre qu’à l’interprétation. Je n’ai pas la prétention d’être un grand soliste. Mon idée pour la musique bretonne, c’est plus de penser à l’orchestration, l’arrangement, la musique d’ensemble. D’ailleurs dans ce nouveau disque, même s’il y a 100 musiciens, à aucun moment, il n’a été pensé comme étant un disque où il y a moi devant et 99 musiciens derrière. Je crois qu’on le sent. Il arrive même que je ne joue pas. Ce n’est pas plus important que cela que je joue, ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus. Par contre, j’ai la prétention d’avoir des idées musicales, de mises en scènes sonores.
 
En ce qui concerne les 100 musiciens, j’avais besoin de jouer sur différentes teintes. Comme dans un orchestre de jazz ou dans un orchestre à cordes où on arrive à faire entrer le public dans différents genres, différentes ambiances. (Ça va, je réponds aux questions ?)
 
Oui. Est-il prévu des concerts avec cette formule ou bien avec une formule plus allégée ?
 
RB : Ce qui est sûr, c’est que de faire jouer autant de monde sur une scène, cela me semble difficile. Sur le plan artistique, cela demanderait beaucoup de travail. Puis, il y a aussi le côté financier.
 
A l’origine, M. Kerbec et ses Belouzes était un spectacle crée pour 6 musiciens. J’espère faire une tournée avec une dizaine de musiciens qui joueront ce répertoire, mais repenser pour moins de monde, c’est évident.
 
Une petite question sur le nom de scène qui est assez intrigant : que signifie « M. Kerbec et ses belouzes » ?
 
RB : C’est encore une histoire d’image. J’ai voulu inventer un personnage de bandes dessinées qui s’appelle M. Kerbec, qui est certainement un peu autobiographique. Il s’agit d’un gros bonhomme, de 120 kilos, qui joue au chef d’orchestre, bien kitch avec son chapeau vissé sur la tête, son panama et son gilet brodé. Il y a un coté colossal, un côté dompteur, dans le sens où on cherche à produire beaucoup d’instruments en même temps. Il y a aussi un côté mégalo qui n’est pas désagréable et je joue là-dessus. On retrouve une part de Bibi Fricotin, les Pieds Nickelés, Astérix et Obélix. Cela accentue le côté bandes dessinées. Sur la photo, ce n’est pas moi, c’est M. Kerbec.
 
C’est un personnage que tu t’es créé.
 
RB : Tout a fait ! Le titre de l’album vient également des orchestres des années 1920-1930 qui se donnaient des grands airs. Ils voulaient jouer un petit peu big bands américains, ils se donnaient des noms et des titres américains. Par exemple, dans le CD il y a un morceau qu’on a appelé In the Gavotte, c’est ringard mais c’est dans ce sens-là que cela a été fait.
 
Quand aux Belouzes, c’est un terme que j’ai inventé. Il s’agit de la contraction de deux mots : belou et blues. Un belou étant un gars de la campagne, ce que j’assume parfaitement être. Je joue sur les deux sens.
 
Le disque bénéficie aussi d’une superbe pochette.
 
RB : La pochette a une histoire. Je me trouvais au Musée des Beaux Arts de Quimper, et je suis tombé sur une peinture de Lionel FLOC'H (ndlr : Un pardon en Bretagne–1934). Je me suis alors dit que je venais de trouver la pochette de l’album. Au bout d’un moment, je ne savais plus si j’avais fait la musique par rapport au tableau, ou si le tableau est venu après. En vérité la musique était déjà créée, mais on est complètement dedans avec ce tableau. Là je sors complètement du cliché celto-folkloriste qu’on a tous aujourd’hui.
 
Si on demandait aujourd’hui à un peintre de faire un tableau représentant un pardon bigouden dans les années 30, il mettrait des bigoudènes, un calvaire, une chapelle, comme on voit sur le tableau de Lionel FLOC'H. Puis, à droite, il mettrait sur l’estrade, un biniou et une bombarde à tous les coups.
 
Ce qui est assez formidable justement, ce que le peintre à peint ce qu’il voyait à l’époque, à savoir une évolution normale de bretons qui n’étaient pas si beloux qu’on le croit.
 
Il y a toujours un parallèle dans la culture populaire. On a toujours essayé de faire autre chose. Il y a d’un côté des gens en costumes lors d’une fête populaire en plein air ; et, d’un autre côté, on voit des gens qui ne sont pas habillés en breton, on voit un clown, et sur la scène, on voit des musiciens qui n’ont rien de commun avec des musiciens populaires de Bretagne. Ce sont des musiciens saltimbanques, des forains peut-être. On aperçoit un tromboniste, des danseuses. Et près du calvaire, on voit une belle voiture de l’époque. C’est vraiment très intéressant et cela montre bien l’univers de M. Kerbec et ses Belouzes.
 
Parmi les invités de ton album, on peut aussi croiser tes enfants. Est-ce que cela fut facile à faire ?
 
RB : Il y a deux histoires. D’une part ma grande fille Dana joue du violon depuis l’âge de 5 ou 6 ans. Elle travaille son violon classique, elle fait un peu de musique bretonne. Je lui ai demandé de jouer quelques petites parties dans ce disque parce que je voulais la mettre un peu dans le groupe. Ensuite, un jour que ma fille Iniz jouait dans le jardin, je l’ai entendue chantonner un truc que j’étais en train de travailler. Je l’ai enregistrée. J’avais fait ça pour rigoler mais j’ai gardé l’enregistrement. Elle chante faux mais c’est ça que j’aime.
 
C’est juste un clin d’œil. C’est très intime ce que j’ai fait là.
 
Le disque est distribué par Coop Breizh, une maison de distribution bretonne. As-tu déjà été contacté par des majors, comme beaucoup de tes collègues ?
 
RB : En fait, avec plaisir je dis « non, je n’ai pas été contacté par des majors », et heureusement car aujourd’hui je serais viré, comme mes collègues. J’ai envie de dire que je ne suis qu’un petit artisan. Je fais de la musique dite régionale. Cela reste quelque chose de très limité. Là, c’est mon huitième album. Mais grâce à un côté persistant peut-être, je poursuis mon travail d’historien de la musique bretonne, d’ethnomusicologue, de créateur. Tout cela me fait dire que je poursuis mon histoire sans m’occuper des modes qui passent et qui trépassent. On a connu les années 70 qui étaient assez formidables. Grâce à la vague Alan STIVELL, on a lancé la musique bretonne dans les médias. C’était très bien. Dans les années 90, on a eu un déferlement de majors, de gens aux dents longues, qui ont récupéré cet élan pour en faire un gros produit commercial. Aujourd’hui, comme il y a un essoufflement, on vire tout le monde. Je trouve cela triste. On aurait été un peu plus mûr en Bretagne, on aurait dit non et on aurait fait notre truc chez nous, on est assez puissant. Les gens se sont trompés car ils ont voulu jouer le jeu des majors et là, je vois le résultat de ce que je dis. On a tellement voulu profiter de l’occasion qu’on a tué la poule aux oeufs d’or. Je ne sais pas ce qu’on va devenir mais la musique bretonne est en danger à cause de cet élan bouffé par les majors.
 
Que penses-tu de ce qui continue à se passer en Bretagne en matière de créations, des jeunes talents qui arrivent malgré tout à éclore ?
 
RB : Ces derniers temps, il y a quand même eu un certain nombre de disques de qualité qui sont sortis en Bretagne. Je pense à BUGEL KOAR, aux frères GUICHEN, à Alain GENTY, Pascal LAMOUR. Il y a un réel travail et j’espère que ces gens-là vont pouvoir continuer malgré la difficulté qu’on a de poursuivre notre art, malgré les aides des intermittences qui ont été là aussi vraiment très freinées.
 
Comment te situes-tu justement à ce niveau ? Es-tu intermittent ?
 
RB : Oui je suis un musicien intermittent du spectacle depuis seulement 6 ans. La difficulté, c’est qu’on a besoin de temps pour travailler, sinon on cachetonne, comme on dit dans notre jargon. Si c’est le but, autant faire un autre métier. Un disque comme celui-là m’a demandé un an et demi pour l’enregistrer et à peu près deux ans pour le réaliser sur maquette. C’est un très gros travail de répétitions, de contacts avec les gens. J’ai passé beaucoup de temps avec les musiciens pour parler, pour situer exactement ce que j’avais envie de faire avec eux. Si on n’a pas assez de temps pour travailler, c'est-à-dire si on n’est pas aidé par les Assedic, on ne pourra pas aller très loin. Ce n’est pas possible ! S’il faut jouer, jouer, jouer et jouer, on est tout le temps sur la route, on n’a pas le temps de créer !
 
T’es-tu déjà produit dans d’autres régions de France ou même à l’étranger ? Si oui, comment ta musique y est-elle perçue ?
 
RB : Ce qui est très étonnant, c’est que ma musique aujourd’hui je la présente plus souvent en dehors de Bretagne qu’en Bretagne. Mon travail finit par être finalement plus souvent présenté à Perpignan qu’à Quimper ou à Lorient, par exemple. Comme je ne suis pas dans cette vague celtique et que j’ai toujours dit ce que je pensais, les gens savent très bien que je ne suis pas du tout d’accord avec tout ça. Il y a un petit peu une mise au placard. Mais je continue quand même. Je ne suis pas là pour me vendre et dire oui à des diffuseurs qui ne pensent qu’à l’argent et qui sont mégalos par rapport à je ne sais quoi. Je suis loin de ce monde-là. Mon travail, c’est de faire quelque chose de précis par rapport à l’histoire de la musique bretonne, d’être sincère avec le public, que je respecte. Après ça, porte ses fruits ou pas du tout.
 
J’ai joué dans beaucoup de villes de France et aussi en Bretagne, mais finalement peu. Sur 60 dates par an, je joue grosso modo 10 fois en Bretagne, ce qui est dommage, je trouve.
 
Sinon, pour l’étranger, c’est l’Allemagne, la Belgique, l’Irlande, l’Angleterre, la Pologne, l’Espagne, la Louisiane.
 
Ce public non breton est-il réceptif à la musique ?
 
RB : Ce qui me plaît, c’est qu’on réussisse à faire passer des choses. On apprend aux gens à aimer cette musique bretonne parce qu’il y a un côté didactique et pédagogique aussi. On veut aller de l’universel vers l’art local. Les gens ont l’habitude d’entendre de la musique bretonne de « fest noz » genre TRI YANN ou autres, mais ils ne connaissent pas cette musique bretonne. C’est souvent grâce aux spectacles visuels que les gens apprennent à apprécier.
 
Tu as aussi dans tes cartons le projet d’un éventuel album de techno bretonne.
 
RB : C’est un vieux projet que j’ai laissé de côté depuis quelques temps. Un moment, j’avais lu dans la presse que Denez PRIGENT était en train de faire ce travail là. Il y a aussi mon voisin Pascal LAMOUR. Aussi, je me suis dit que c’était bien que des gens le fassent parce qu’on ne peut pas être partout. J’avais déjà d’autres gros projets. J’ai à peu près 5 ou 6 albums en route dans mon ordinateur.
 
Je pense qu’il y a une porte ouverte très intéressante dans le domaine de la musique techno, parce que si elle est bien conçue, elle peut devenir musique de transe. Quant on parle de mariage avec d’autres genres, il faut vraiment maîtriser ces autres genres. Il y a encore du travail à faire.
 
Tu as aussi des origines vers l’Europe de l’Est (Allemagne, Pologne). As-tu été intéressé par ces musiques là ?
 
RB : Non, pas du tout ! Cela m’a toujours énervé de voir des sonneurs de bombardes jouer des airs roumains ou bulgares. Chacun fait ce qu’il veut, chacun est libre de souffler ce qu’il a envie de souffler mais je trouve ça d’un ridicule dans le sens où ce qu’ils aiment dans la musique bulgare, ce sont les rythmes « boiteux » comme on dit, et au lieu de s’intéresser à la musique bretonne, ils sont allés chercher ça là-bas. Ils n’ont pas appris à écouter la musique bretonne qui est riche de ce genre de rythmes.
 
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas écouter ou jouer cette musique là, mais de ma vie je n’ai jamais joué de la « bulgare ». Il n’y a pas beaucoup de choses que j’aime vraiment en musique.
 
Il y a un groupe que j’adore, depuis 1975, c’est le groupe MAGMA. Ce n’est ni du rock, ni du jazz. Si on pouvait leur donner une étiquette, ce serait « musique européenne d’aujourd’hui ». C’est dans la suite logique du chant grégorien, c’est dans la suite logique des musiques traditionnelles avec des rythmes « boiteux ». J’ai envie de dire que c’est peut être le groupe le plus représentatif de notre patrimoine musical depuis le Moyen-Age. Cela n’engage que moi.
 
On parlait des musiciens bretons qui jouent de la musique d’Europe de l’Est. A l’inverse, as-tu déjà eu l’occasion d’entendre des groupes d’Europe de l’Est jouant de la musique bretonne ?
 
RB : Je trouve aussi ridicule que des gens de l’Est jouent de la musique bretonne. Ce qui fait la force d’un artiste, c’est de révéler son identité. Les artistes qui n’ont pas d’identité, ça ne marche pas. Il y a des gens qui vont chercher ailleurs, qui inventent un imaginaire. Mais quand on cherche vraiment bien, on se rend compte qu’ils sont toujours d’une école. On est toujours parti de quelque chose. Même si on invente, si on part au plus extrême de l’extrême, ce quelque chose il est là ! C’est la trame, c’est l’identité du bonhomme. Le vieux fond d’un artiste, c’est son identité !
 
Merci beaucoup Roland et bonne chance !
 
RB : A très bientôt
 
Propos recueillis par : Didier LeGoff
 
 
 
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