Woody Allen, clarinettiste de jazz traditionnel New Orleans
En 1996, pour la première fois, Woody Allen venait en France présenter autre chose que son film annuel : sa musique. Ce jazz dixieland qu'il a toujours revendiqué, cette clarinette que quelques-uns avaient pu entendre à New York, que beaucoup rangeaient dans la légende du cinéaste sans penser un jour l'entendre. Voici un portrait du musicien.

Il devait avoir quinze ans quand il s’est pris de passion pour le jazz traditionnel après avoir été « emballé » par Sidney Bechet dont Blue Horizon demeure son morceau préféré.
Premières gammes sur un saxophone soprano payé 40 dollars. « J’ai appris à en jouer tout seul, mais pas très bien. Ensuite je suis passé à la clarinette, ce qui est le parcours normal ».
Gene « Honeybear » Sedric, qui a joué avec Fats Waller, vient jusque chez lui, à Brooklyn, lui donner quelques conseils. Woody joue encore sur des disques. Il ne découvrira le plaisir de la musique collective et de la rencontre avec le public que bien plus tard, en Californie, où, chaque soir, en voisin, il va écouter la formation de Turk Murphy, qui finit par le remarquer et l’inviter à jouer. Après les auto-flagellations de rigueur, Woody se lance, et cela lui plaît. En rentrant à New York, il a envie de s’intégrer dans un groupe. Un de ses copains lui indique un pianiste. Le pianiste a deux amis musiciens, qui eux-mêmes, etc. La formation créée compte sept membres. Elle variera peu au fil des ans. Lorsque Woody Allen précise qu’il n’en est pas le leader mais seulement le membre le plus célèbre de par ses autres casquettes, il exprime une conviction illustrée par sa façon de jouer : l’orchestre en tant qu’ensemble compte pour lui bien davantage que chacun des musiciens en tant que soliste.
Premières gammes sur un saxophone soprano payé 40 dollars. « J’ai appris à en jouer tout seul, mais pas très bien. Ensuite je suis passé à la clarinette, ce qui est le parcours normal ».
Gene « Honeybear » Sedric, qui a joué avec Fats Waller, vient jusque chez lui, à Brooklyn, lui donner quelques conseils. Woody joue encore sur des disques. Il ne découvrira le plaisir de la musique collective et de la rencontre avec le public que bien plus tard, en Californie, où, chaque soir, en voisin, il va écouter la formation de Turk Murphy, qui finit par le remarquer et l’inviter à jouer. Après les auto-flagellations de rigueur, Woody se lance, et cela lui plaît. En rentrant à New York, il a envie de s’intégrer dans un groupe. Un de ses copains lui indique un pianiste. Le pianiste a deux amis musiciens, qui eux-mêmes, etc. La formation créée compte sept membres. Elle variera peu au fil des ans. Lorsque Woody Allen précise qu’il n’en est pas le leader mais seulement le membre le plus célèbre de par ses autres casquettes, il exprime une conviction illustrée par sa façon de jouer : l’orchestre en tant qu’ensemble compte pour lui bien davantage que chacun des musiciens en tant que soliste.
« Nous voulons être un groupe de jazz traditionnel qui joue des thèmes Nouvelle-Orléans dans un style Nouvelle-Orléans ».
Il ne s’agit pas de donner dans le génie, ni même de construire une œuvre, mais de reproduire, le mieux possible, le son et l’ambiance de la musique du berceau du jazz, celle des parades et des funérailles de La Nouvelle-Orléans, telle qu’elle était jouée par les pionniers qu’il vénère...
Une démarche dont la modestie même fait paradoxalement la valeur, tant elle détonne à l’ère du show-off. « J’ai toujours été attiré par le style le plus primitif », dit encore Woody Allen, avant d’ajouter, par fidélité à son personnage : « Evidemment, en tant qu’instrumentiste, ma place est davantage dans la catégorie primaire.» Ou encore : « Mon principal atout pour jouer du Nouvelle-Orléans, c’est que je suis vraiment fruste ». Il explique également qu’il connaît bien les articulations, le phrasé et le son très particuliers du tout premier jazz de La Nouvelle-Orléans. Son jeu en témoigne, hommage à Johnny Dodds ou Jimmie Noone, ainsi qu’à George Lewis, son modèle entre tous, le plus authentique keeper of the flame.
Une démarche dont la modestie même fait paradoxalement la valeur, tant elle détonne à l’ère du show-off. « J’ai toujours été attiré par le style le plus primitif », dit encore Woody Allen, avant d’ajouter, par fidélité à son personnage : « Evidemment, en tant qu’instrumentiste, ma place est davantage dans la catégorie primaire.» Ou encore : « Mon principal atout pour jouer du Nouvelle-Orléans, c’est que je suis vraiment fruste ». Il explique également qu’il connaît bien les articulations, le phrasé et le son très particuliers du tout premier jazz de La Nouvelle-Orléans. Son jeu en témoigne, hommage à Johnny Dodds ou Jimmie Noone, ainsi qu’à George Lewis, son modèle entre tous, le plus authentique keeper of the flame.
Le clarinettiste du lundi croit en la vertu de la pratique, et culpabilise quand il ne passe pas deux heures par jour à s’exercer. Parfois même pendant les tournages : il lui est arrivé, en rentrant à son hôtel tard dans la nuit, de jouer au lit avec une couverture sur la tête pour ne pas gêner ses voisins.
A force de constance, d’opiniâtreté et d’humilité, Woody Allen a apprivoisé le son plaintif de La Nouvelle-Orléans. Une réussite acquise dès les années 70 à travers l’utilisation d’une Rico Royale n° 5 — anche très dure génératrice, pour qui arrive à la faire vibrer, d’un son large — sur un instrument de système Albert que lui avait procuré son copain Kenny Davern. Sa grande fierté de musicien : s’être entendu dire, à La Nouvelle-Orléans, qu’il jouait comme un gars du coin.

A écouter : Woody Allen « The Bunk Project » (Limelight 514937-2).
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