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Treujenn Gaol

La clarinette en Bretagne, une pratique en évolution

3 Février 2006 , Rédigé par Yvonig Publié dans #Treujenn gaol

Au début du xxe siècle, la clarinette est présente dans toutes les campagnes de France, tant au sein des "musiques municipales" qu'intégrée, ici et là, aux traditions locales. Preuve de son adoption par la paysannerie, on lui donne souvent un nom dans la langue du pays, basé, en général, sur la même comparaison : treujenn‑gaol (littéralement "tronc de chou") en haute Cornouaille, trou dchou dans le Mené et les pays de Vitré et de Fougères. Dans d'autres régions françaises, il se passe la même chose: en Charente limousine on la baptise le troc de biganoelh (tige de maïs dans la Vienne couton dchou, etc.
 
Vers 1900, en Bretagne, son aire de jeu, assez vaste, comprend l'est de l'Ille‑et‑Vilaine, le sud de la Loire‑Atlantique, le Pays bigouden (où son implantation est encore faible), le Léon, mais surtout le Centre‑Bretagne, véritable "pays de clarinette" qui englobe l'ouest et le sud du Trégor, la haute Cornouaille, le pays de Loudéac et l'ouest du Mené. Le Morbihan reste le seul département à n'avoir pas connu, semble‑t‑il, cet instrument, à l'exception de sa zone frontière avec les Côtes d' Armor. Des enquêtes menées dans les années 1970 et 1980 permettent de bien cerner cette tradition en Centre‑Bretagne et en Trégor. Ailleurs, les informations s'avèrent pauvres ou inexistantes, comme en Léon, où elle est pourtant attestée jusque vers 1880. Toutefois, Jean‑Michel Guilcher signale sa présence, au début du siècle, autour de Saint‑Renan.
L'implantation de la clarinette en Bretagne
D'invention relativement récente sous sa forme actuelle (fin du XVIIè siècle), la "clarinette" ne s'est véritablement diffusée qu'à partir des années 1750. Au cours du XIXe siècle, elle s'intègre très vite à la musique traditionnelle de nombreux pays d'Europe, notamment dans les Balkans, et se popularise en France aussi bien dans le Poitou ou en Bresse qu'en Bretagne.
Aucun document, semble‑t‑il, ne mentionne l'utilisation de la clarinette en Bretagne avant la Révolution. Les premières attestations de son arrivée dans la musique populaire datent de 1798 : la ville de Quimper a payé, lors d'une fête, "deux violons et une clarinette pour la danse". La même année, un clarinettiste anime une fête à Saint‑Georges‑de‑Rentembault, au nord de Fougères. Toutefois, ces faits restent isolés et rien n'indique, pour l'instant, que des ménétriers bretons l'aient régulièrement utilisée avant les années 1820‑1830.
Bien que le chalumeau, son ancêtre, soit d'usage ancien, on ne peut établir de relation entre celui‑ci et la clarinette, sinon qu'un sonneur d'instruments à vent peut l'adopter sans difficultés majeures. On sait ‑ mais l'exemple reste unique pour l'époque ‑ qu'un artisan nommé jean du Croisé, né dans le Coglais en 1765, a fabriqué "quantités d'instruments en bois d'ente" (pommier) ou bouis (buis), où l'on trouvait, selon les souvenirs de Romain du Croisé, son descendant, tant des haoubois, pied d'chève (petite flûte ou fifre) que des chlérinettes.
Vers 1870, soit un siècle après son arrivée en Bretagne, la clarinette est pratiquée à l'est de l'Ille et‑Vilaine (Coglais, Pays de Vitré et de Fougères notamment); en Loire‑Atlantique, où sa présence n'est attestée qu'en quelques endroits; dans l'ouest et le sud‑ouest des Côtes‑d'Armor, où elle paraît déjà bien implantée, et dans une partie du Léon.
 
Source : Collectif, "Musique Bretonne, Histoire des sonneurs de tradition " ed. Le Chasse-Marée/Armen, Douarnenez 1996. 

 

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