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Treujenn Gaol

Implantation de la treujenn-gaol dans le Trégor

24 Février 2006 , Rédigé par Yvonig Publié dans #Treujenn gaol

Dans le dernier tiers du XIXe siècle, la clarinette jouit d'une grande popularité en Trégor . "Chez nous dans le pays de Tréguier, écrit en 1895 le folkloriste J. Jacob dans Le Nouvelliste breton, Il n'y a guère que des clarinettes en buis, des vielles et des violons pour faire danser aux assemblées." Mais les aires de jeu du violon et de la clarinette ne se recouvrent pas. Le premier se trouve dans les zones nord et est, la seconde au sud, vers Bourbriac, et en Trégor morlaisien à l'ouest et au sud ouest. Là, la clarinette vit son âge d'or, et règne en maître vers Guerlesquin, Belle Isle en Terre, Locquénolé ou Plestin les Grèves. Le colonel Pérès, évoquant ses années de jeunesse passées entre 1876 et 1896 dans cette dernière commune, décrit ainsi les sonneurs locaux :
 
"Sur deux ou trois barriques, près de l'estaminet de la place, à l'endroit où s'élève aujourd'hui le monument aux morts, étaient juchés les musiciens. L'orchestre, comme l'estrade, était d'une très grande simplicité : une ou deux clarinettes en ut au son criard et aigu, un piston et un tambour. Sans sortir du Conservatoire, ces musiciens connaissaient bien leurs airs bretons et savaient admirablement observer et conserver le rythme et la cadence indispensables à ces danses; mais ce qui les caractérisait surtout, c'est qu'ils jouaient avec un entrain endiablé et faisaient plus de bruit que s'ils avaient été une centaine. " (286) A cette époque, les clarinettistes semblent accompagner régulièrement l'ancienne suite de danses trégorroises, et notamment la Dans Treger.
 
Mais les sociétés musicales et les fanfares concurrencent de plus en plus fortement les sonneurs (en Trégor comme ailleurs), leur enlevant certaines de leurs occasions de jeux, comme la spectaculaire dans ar podou fleur (danse des pots de fleurs) exécutée lors des pardons de Guerlesquin, de Loguivy Plougras ou de Belle Isle en Terre, qui se voit accompagnée, dès 1900, par la fanfare locale ou même par les musiciens de la Flotte de Brest.
 
 
Photo : sonneurs menant la noce Le Maitre-Keriel en 1906  à Kerpert en Berrien (29)
 
 
Après la Grande guerre, la pratique de la clarinette décline rapidement en Trégor morlaisien au profit de l'accordéon. Certains sonneurs vieillissants, tel Fanch an Toquer, de Saint jean du Doigt (né en 1865), essaient de se mettre au diatonique pour animer les bals, mais leur temps est compté, et vers 1930 les clarinettistes locaux abandonnent la partie. Si l'instrument s'entend encore dans des communes proches de la Cornouaille, il est joué par des sonneurs venus de la Montagne, qui interprètent la dans Kernev, dont la vogue s'amplifie depuis deux ou trois décennies. Quant à la région de Bourbriac (Pont Melvez, Coadout, Plésidy, Senven Léhart), bien que faisant partie de l'évêché de Tréguier, elle connaît la même tradition musicale que la haute Cornouaille voisine ; toutefois la pratique des danses du fonds ancien y est moins forte. Les clarinettistes y resteront nombreux jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, et même plus tard.
 

 

Source : Collectif, "Musique Bretonne, Histoire des sonneurs de tradition " ed. Le Chasse-Marée/Armen, Douarnenez 1996.

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